L'harmonium français
Discographie3

Histoire d'un disque ou la génèse d'un grand projet...

En novembre 2006, quand avec mes deux amis, François Dupoux et Pascal Auffret, nous avons décidé de créer l’association L’harmonium français, nous nous étions fixé plusieurs buts.


Le premier et le plus évident était de contribuer à la redécouverte de l’harmonium en sauvegardant les instruments qui le méritaient. Ce but est maintenant atteint. Il reste encore beaucoup à faire et à découvrir mais l’on peut affirmer que l’harmonium en tant qu’instrument de musique est maintenant sauvé. De nombreux instruments ont été restaurés et peuvent ainsi passer à la postérité pour témoigner de ce que fût et est encore un harmonium. A ce moment de mon propos, je ne peux écrire ces lignes, sans rendre hommage à Michel Dieterlen, auteur d’une thèse colossale et remarquable sur l’harmonium. La qualité de son travail, réalisé il y a une vingtaine d’années, nous a ouvert la voie. Celle-ci est belle et large. Nous sommes tous un peu ses héritiers et Michel Dieterlen doit être considéré comme le père fondateur du renouveau de l’harmonium en France.


Le deuxième but de l’association était de publier une revue semestrielle où la forme et le fond devaient se placer au plus haut niveau et en tout cas correspondre aux critères actuels exigés dans toute publication scientifique. Là aussi, nous pouvons être satisfaits, la mission est accomplie et nous recevons de nombreuses critiques toujours très positives qui nous poussent à continuer et à toujours faire mieux ; c’est très stimulant !


Le troisième but était de créer un site Internet. Epoque oblige, nous ne pouvions pas imaginer toucher un large public sans ce fabuleux média. Nous ne pouvons que nous louer du miracle informatique. Notre site, du fait de son excellent référencement dans les meilleurs moteurs de recherche, accueille plusieurs centaines de connexions par jour à travers le monde. Beaucoup d’internautes nous félicitent et tous les messages que nous recevons sont toujours empreints de gentillesse et de passion pour notre instrument. De plus, Internet nous a amené de nombreux adhérents étrangers, ce qui était inespéré. L’harmonium a franchi les frontières avec la plus grande facilité et se trouve ainsi présent sur tous les continents.


Quant au quatrième but, certes il était le dernier mais pas le moindre ! Il s’agissait de sauver « musicalement » l’harmonium. En effet, un instrument n’a pas vocation à être une pièce de musée, pour qu’il vive, il doit jouer ! Le sauvegarder, le restaurer était la première étape. Elle était nécessaire mais si nous voulons continuer à lui rendre service, il est indispensable de le faire entendre et ce dans son répertoire. Ce répertoire qui est la musique de salon de la deuxième moitié du 19ème siècle. Qu’on se le dise, l’harmonium n’a pas vocation à être une pompe à cantique souvent mal jouée. Cela l’a déjà tué une fois alors, de grâce, offrons lui une résurrection de qualité ! Pour œuvrer dans sa renaissance musicale, nous avons commencé par donner des concerts. Ceux-ci sont devenus de plus en plus riches, l’harmonium venant alors dialoguer avec le piano, les voix, le violon et le violoncelle. Là encore, ces actions ont reçu un accueil très chaleureux de la part d’un public enthousiaste qui est de plus en plus nombreux à chaque concert.



Mais, l’étape ultime était de réaliser un enregistrement professionnel, pour dire mieux, il fallait « faire un disque ». Seul ce support, pouvait nous permettre d’étendre notre action et de laisser un témoignage musical apte à faire redécouvrir l’harmonium et sa musique. Ce projet, longtemps envisagé, difficile à mettre en œuvre, était jusqu’à présent un vœux pieu. Mais, c’était sans compter sur notre ténacité. Nous n’avons jamais désespéré et un jour le miracle s’accompli ! L’histoire a commencé un samedi en fin d’après-midi. Le téléphone sonne, Jacques le Calvé, directeur des éditions Calliope, se présente et rapidement se montre enthousiaste envers notre travail. Il conclue notre entrevue téléphonique par « mettez-vous au travail, faites moi une proposition de programme et nous verrons, à bientôt ». Mon sang ne fit qu’un tour, encore sous le choc d’un tel appel qui allait peut être déboucher sur la réalisation de notre rêve, je me mis tout de suite au travail. Sur un bout de papier, je commençai alors à ébaucher un programme. La gestation fut longue. Il fallait en effet un savant dosage entre le type d’œuvres, entre la répartition des instruments et des voix et entre le minutage. Enfin, ma proposition finalisée, je l’envoyai à Jacques le Calvé qui l’accepta sans la moindre difficulté tellement nous nous étions compris sur le contenu à donner au disque. Je fus alors soulagé, pour moi, le plus dur était fait. Le contrat était décroché, tout était alors dans les mains (et les pieds !) de mes complices.


En effet, ce disque n’aurait jamais pu voir le jour sans l’immense talent des musiciens qui y ont contribué et ce avec tout leur cœur. A tout seigneur, tout honneur, je commencerai par l’harmonium. Celui-ci sous les doigts, sous les pieds et entre les genoux de François Dupoux voit ses qualités musicales et expressives transcendées comme par magie. Vient ensuite le compagnon de toujours de notre harmonium, à savoir le piano. Celui-ci, réglé, accordé et bien sur joué par Pascal Auffret, formidable pianiste et perfectionniste dans l’âme, dialogue, de façon aérienne au travers d’arpèges et de gammes, avec notre instrument de prédilection. Puis la complainte du violon joué par Corinne Massé et la profondeur du violoncelle de Cécile Grizard apportent un supplément d’âme à de nombreuses pièces tout en leur donnant une dimension orchestrale. Enfin ce disque ne serait pas ce qu’il est sans les voix de Marie-Françoise Moreau et de Martine Rottier. Leurs timbres distincts, leurs sensibilités respectives et différentes sont avec nous depuis le début de notre aventure. Marie-Françoise et Martine ont toujours répondu présentes dans tous nos concerts. La réussite de notre entreprise leur doit beaucoup tant elles ont transporté le public et magnifié l’harmonium. Leurs voix célestes viennent s’adjoindre à celle de l’harmonium pour devenir alors ensemble « Les voix célestes du 19ème siècle ».


Tous ces mots pour que vous compreniez bien la genèse de ce disque.

Tous ces mots pour que vous compreniez bien qu’il s’agit d’une œuvre de passionnés et d’amis qui jouent et chantent avec leur cœur loin des conventions austères et stériles d’une musique trop souvent classique.

Tous ces mots pour que vous compreniez bien qu’ils ne peuvent pas remplacer une chose. Cette chose c’est la musique que seules nos oreilles peuvent entendre et qui seule est à même d’éveiller au fin fond de notre cerveau notre sensibilité.

Alors maintenant, écoutons…



Patrick-Alain Faure

Président de L'harmonium français


  

Retour à la page d'accueil

Les coulisses de l'enregistrement...